Synopsis

À la Réunion en 2055, où règnent la crainte de l'air devenu irrespirable, Estefan, un quinquagénaire solitaire, vit, reclus dans son "cube", dans un monde régi par la Seat Home Santé, firme spécialisée dans la médecine high-tech permettant les soins à domicile. Pourtant atteint d'une maladie bénigne, mais sans crédits suffisants pour bénéficier des soins destinés aux privilégiés, c'est désespéré qu'il ose braver l'interdit, à la recherche d'un médecin qui pourrait le soigner. Il rejoint un groupuscule vivant à l'extérieur, où il découvrira une lueur d'espoir. Mais son retour vers l'humanité, est-il vraiment réel ?

Scénario

Résumé :

Àla Réunion en 2055, où règnent la psychose et la crainte de l'air devenu irrespirable, Estefan, un quinquagénaire solitaire et aliéné, vit dans un monde virtuel régi par la Sitcom Santé. Il s'agit d'une firme spécialisée dans la médecine high-tech permettant les soins à domicile grâce à un fauteuil ultra sophistiqué ayant la capacité d'établir des diagnostiques. Pourtant atteint d'une maladie bénigne, mais sans crédits suffisants pour bénéficier de ces soins à domicile plutôt destinés aux privilégiés, c'est désespéré qu'il ose braver l'interdit dans lequel il est prisonnier, à la recherche d'un médecin qui pourrait le soigner. Il rejoint un groupuscule vivant encore à l'extérieur, où il découvrira une lueur d'espoir dans ce monde déshumanisé, remplacé par les machines et l'artificiel.

Biographie du personnage ESTEFAN

Estefan naît en 2000. Il a connu l'humanité telle que nous la connaissons aujourd'hui. Il a fait des études de mathématiques à Paris, mais a dû rejoindre la Réunion, son île natale, lorsque l'air de la ville, du pays, puis de l'Europe arriva à un indice de pollution le rendant irrespirable. La Réunion était encore épargnée, mais ne le resta pas longtemps.

Son père est médecin, sa mère décède alors qu'il a 27 ans.

C'est donc en 2030 à la Réunion, alors professeur de mathématiques, qu'il intègre les blocs, comme toute la population, et devient statisticien ; une reconversion qui ne nécessite aucune interaction. Dans un sentiment de survie, Estefan se claquemure, seul, dans son triste appartement cubique, ne vivant qu'à travers le monde virtuel : paysages, interaction avec des personnages holographiques ou voix numériques. Tout est artificiel ; le monde est déshumanisé.

Encore célibataire, et en proie à une forme de paranoïa à l'instar de la population, il n'a pensé qu'à sa propre survie. La promesse d'un confort artificiel lui a suffi pour se sentir en sécurité. Ce qui a engendré une forme d'individualité.

Il n'a pour occupation que son travail aliénant de calculs et de statistiques.

Seuls ses fantasmes, et ses souvenirs d'enfance, dont celui de son père médecin, l'empêchent de basculer dans la folie.

Prisonnier d'une solitude pesante, c'est à bout, alors qu'il est malade, qu'il commet un acting-out : il enfreint les règles. En effet, il risque sa vie en sortant du bloc à la recherche de l'humanité. Il s'agit clairement d'un suicide mû par le désespoir. Inconsciemment, ce n'est pas tant un médecin qu'il recherche, mais l'Humain auquel il n'a plus été confronté depuis plus de vingt ans. Le dysfonctionnement de la machine (point tournant de l'intrigue) lui fait prendre conscience que le contact humain est irremplaçable.

Une fois à l'extérieur, malgré sa crainte et sa surprise, il réalise qu'il n'est pas seul. L'humain veut reprendre sa place auprès de cette nature qui renaît. Son père n'est plus un souvenir. À travers le regard des autres, l'image de son père devenu un mythe en tant que dernier médecin résistant face à la machine, l'espoir renaît.

La nature, l'Homme et l'espoir évincent l'artificiel et le synthétique.

Diégèse :

La population vit désormais dans la peur. Le réchauffement climatique, le manque d'eau engendre maladies, sécheresse, et les terres incultivables engendrent le manque de nourriture. Un taux de cancers anormalement élevé fait son apparition. Outre la « crise atmosphère » liée à la pollution qui

a rendu l'air planétaire irrespirable, l'île se dépeuple jour après jour.

Certains cependant résistent. À quoi bon fuir, même par la mer, lorsque le monde, d'après les dernières nouvelles, n'abrite plus aucun havre de paix ? De plus, les moyens de transport n'existent plus. L'île vit en complète autarcie.

Deux clans s'organisent, celui qui résiste, celui qui se protège contre les agressions extérieures.

De grandes firmes construisent des blocs d'habitations « haute sécurité », à air régénéré, où les habitants n'ont plus aucun contact avec l'extérieur. Aux nouvelles, on annonce des pluies acides, réduisant les récoltes à néant. On ne sait plus désormais le nombre exact de personnes vivant encore à l'extérieur, toujours attaché à leur terre.

Les blocs d'habitations sont construits très rapidement afin de remédier à la panique. C'est une véritable psychose.

Les propriétaires échangent leur case contre un logement cube, on parle ici de survie. Le seul lien qui existe avec l'extérieur est encore la haute technologie. Tout devient alors virtuel. Les gens terrorisés ne vivent plus que claquemurés dans leur cube, dans l'attente d'une amélioration atmosphérique.

Une autre firme, la Sitcom santé, émerge. Elle devient le baume dont la population effrayée a besoin. Elle offre les soins de santé, grâce à la haute technologie, et développe des produits adaptés au monde environnant (envahi d'informations mais aussi de désinformations): la Santé sans bouger, mais qui hélas reste hors de prix. La paupérisation de cette société a entraîné une fracture visible entre deux classes sociales, les riches et les pauvres ; les soignés et les malades qui meurent seuls.

La psychose engendre l'individualisme, puis la paranoïa, dans ce monde dépourvu de rapport humain.

La machine remplace l'homme. La machine remplace le médecin. Sitcom Santé crée la machine du diagnostique.

Histoire :

Estefan bien qu'ayant connu le monde d'avant, perd tout espoir, à l'instar de ceux qui veulent à tout prix survivre dans ce monde hostile. Il travaille à domicile pour une firme qui calcule des risques. Il ne sait même plus pourquoi et à quelle fin. Il est en proie à l'aliénation, et ne vit qu'à travers son écran géant tactile 3D, et au travers duquel il ne ressent que des plaisirs artificiels : paysages quotidiens interchangeables, personnages de synthèse, annonces publicitaires. En effet, dès son réveil Estefan est asséné de slogans publicitaires vantant les qualités des produits médicaux de Sitcom Santé, et autres merveilles technologiques grâce auxquelles il est possible de changer n'importe quelle partie de son corps, de se guérir, de s'améliorer. Cette promiscuité et le manque d'échanges humains entraînent chez Estefan une réclusion forcée, que toute la population subit également. Il vit donc seul, dans un cube gris sans fenêtre. Vingt-cinq années le séparent du dernier vrai rayon de soleil qu'il a pu voir.

Cette psychose collective parvient à le distancer de son père resté auprès de la population qui ne perd pas espoir. Estefan ne comprend pas l'entêtement de son père, et le supplie de venir au bloc avec lui. Il craint pour sa vie, tandis que son père, idéaliste et surtout humaniste, croit à la volonté de pouvoir changer les choses.

Grâce à son emploi, il a droit à son fauteuil-diagnostic: un fauteuil « high-tech » en mesure de lui apporter un diagnostique précis sur ses maux. Son emploi lui accorde 20 crédits par mois. Ce sont des points cumulables, car l'argent n'existe plus. Il paye donc ses soins, médicaments et diagnostiques grâce à ces crédits. Tout comme l'hôpital, cependant, plus les examens sont poussés, plus ils deviennent onéreux. Ainsi, utiliser le scanner fait multiplier le montant des crédits par 10, en comparaison avec le tensiomètre qui n'en nécessite qu'un seul. Le traitement, bien sûr, est un débit à part, que beaucoup ne peuvent s'offrir, et ce, quand ils parviennent à créditer le diagnostique.

Objectif du protagoniste : pouvoir se soigner, obtenir un médecin

Obstacles du protagoniste : son manque de crédits donnant accès à la santé, sa crainte de l'extérieur (psychose collective) et par extension il est son propre obstacle.

Psychologie du personnage : Estefan, poussé à vivre dans la solitude, ne vit qu'au travers d'un monde virtuel. Victime de la solitude, il ne songe qu'au travail aliénant lui permettant de vivre dans le rejet du monde extérieur.

Ce monde dépourvu d'interactivité et de rapport systémique entre individus engendre une réclusion et un individualisme. Le virtuel envahissant et l'abrutissement par la désinformation perpétuelle, ont tué l'imaginaire et le contact humain. La solitude extrême engendre chez le sujet dépressif, une névrose, avec des tendances agoraphopiques, voire paranoïaques.

Cependant, par le biais d'un élément déclencheur (le dysfonctionnement de la machine et le souvenir de son père entraînant un acting-out), Estefan, (entre survie, désespoir, et l'acte suicidaire) sort de chez lui et affronte l'extérieur. Ce choc lui permet donc de faire face à la vérité : la mort de la médecine (et donc le risque d'annihilation des rapports humains), et la réalité du monde extérieur (prise de conscience de la réalité), et enfin, d'entrevoir une guérison psychique. L'espoir qui survient lors de l'interaction naturelle entre êtres humains lui permet par ailleurs de retrouver une certaine homéostasie, et d'entrevoir de nouveaux objectifs.

Dénouement/résolution :

Estefan, prenant conscience de la réalité extérieure, réalise que l'île n'est pas aussi déserte et que la médecine humaine a encore un espoir. La fin ouverte permet de réfléchir sur les risques du remplacement des médecins par la machine, et démontre ici, certes dans un cas extrême (postapocalyptique), ce qu'elle ne pourra jamais remplacer : l'être humain qui seul empreint de volonté est en mesure de renverser la tendance.